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Kelly Richardson, ou l’immersion presque totale

Publié le 9 mars 2018 par CLG

Kelly Richardson est une artiste canadienne venue s’installer au Royaume-uni en 2003. Elle travaille sur des paysages dits hyper-réels et utilise la vidéo et la photographie numérique pour créer des paysages contemplatifs et fictionnels. Son travail adopte l’utilisation du langage cinématographique pour étudier les notions d’environnements construits. J’ai eu la chance d’aller au vernissage de son exposition au DCA, le musée d’art contemporain de Dundee. J’ai pu y constater que l’immersion était totale.

Immersion Deux grandes salles obscures, sans fenêtres, dans lesquelles l’artiste a projeté des panoramas immenses dans leurs dimensions. Il n’y a strictement aucuns défauts, tant dans le calage de la projection que dans sa résolution. Il s’agit de paysages fictifs pouvant parfois être politisés. En effet on peut se demander dans certaines pièces si on ne nous propose pas la critique d’un future apocalyptique ou juste sur le point de l’être.

Par exemple l’installation vidéo Orion Tide (2013-14) peut être vue comme une sublimation de la guerre ou d’un phénomène astral. Kelly Richardson ne précise pas. Cependant on est face à un paysage naturel, dans un désert californien, entre chien et loup où des boules lumineuses viennent animer le ciel à la façon de la fameuse « nuit étoilée » de Van Gogh. Il y à une indéniable dimension picturale dans ces œuvres. Elles peuvent directement faire écho aux toiles monumentales de Géricault. C’est le parfait exemple de l’évolution de la peinture classique de notre temps. Une photo/vidéo puissante de par ses couleurs et sa composition. Il y à également une grande influence de Bill Viola, avec une dimension métaphysique et un mysticisme dans certaines projections. Nous sommes plongés dans un voyage initiatique dans des mondes utopiques et dystopiques.

Dans Mariner 9 (2014), nous sommes face à un panorama martien (ou terrestre), dans une époque lointaine et apocalyptique, avec un satellite ou une sonde qui se serait crashé sur le sol. Il y a une ambiguïté dans cette projection. L’artiste reconnait que son travail est bien ancré dans la science-fiction et s’en revendique. Il n’y a pas de meilleurs moyens pour aborder le post-humanisme que la science-fiction. Les architectures sont rarement présentes dans les pièces de Kelly Richardson, elle préfère la présence naturelle, élémentaire et puissante de l’eau, de la terre, de l’air et du feu. Pour conclure, son travail est réellement immersif pour plusieurs raisons : La taille : c’est plus grand que nous, ça nous dépasse, il nous faut du temps pour regarder la globalité de l’œuvre qui nous englobe. La résolution : des images de très haute qualité, un rendu hyper-réel, on ne peut soupçonner d’incrustation et les effets spéciaux sont impeccables. On observe une vraie assiduité au calage. La lumière : les expositions se passent dans le noir. La seule lumière que l’on observe provient des projections, nous sommes donc naturellement happés par la pièce. Et enfin le sujet : l’humain. L’humain est absent dans son travail et très présent à la fois. On ne peut observer que des vestiges, des traces humaines, mais il n’y a là qu’une contemplation de la nature, qui est encore une fois plus grande et plus forte que nous. L’humain est observateur et acteur d’une relation avec l’image située devant lui, d’où l’aspect picturale de l’œuvre. Il y a une forme d’intimidation. L’aspect élémentaire de l’eau, du feu, de la terre et de l’air, nous ramène à notre condition : l’homme, si petit dans un vaste univers peut être balayé en un claquement de doigt.

Lucas Chaillou Floukensen
 

Etudiant DNSEP Master 1 option Art TALM Angers.

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